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L'Eglise dans les mains de Dieu
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Boucle de deux grands pontificats

Wtorek, 19 lutego 2013 (14:09)

Aktualizacja: Poniedziałek, 15 lipca 2013 (20:50)

Interview de Sławomir Jagodziński avec son Eminence Mgr Andrzej Dzięga, métropolite du diocèse Szczecin-Kamień

La décision du Saint Père de démissionner de son ministère a provoqué un grand émoi parmi les fidèles. Devrait-on la vivre comme événement particulièrement sensationnel?

– Nous avons ici à faire avec une décision personnelle de Benoît XVI, qui dans le contexte des normes du droit canon doit être considérée comme tout à fait normale, bien que ce soit en effet un événement exceptionnel. Du point de vue des mécanismes légaux de la vie de la communauté de l’Église, c’est un acte tout à fait normal car l’Église a toujours admis la possibilité de la démission du Pape de son ministère. En pratique on répète toujours que le Saint Père cesse d’exercer son ministère ou bien par sa mort, ou bien par sa renonciation. Cet acte de renonciation du Pape à son ministère n’exige aucun acte supplémentaire d’acceptation par qui que ce soit. C’est une décision annoncée librement par l’Evêque de Rome. Il faut encore une fois faire attention à ces deux mots: c’est normal bien qu’exceptionnel.

Sans aucun doute, avant de prendre cette décision le Saint Père a profondément réfléchi et a beaucoup prié. Et il faut l’accepter comme telle, même si quelqu’un veut l’interpréter en termes d’affaiblissement de la santé, de fatigue, d’âge avancé, de manque de forces etc., ou bien si l’on veut comprendre l’annonce de Benoît XVI: „dans l’avenir, je voudrais servir de tout cœur la Sainte Église de Dieu dans une vie dédiée à la prière”, plutôt en termes bibliques, comme: „Marie a choisi la meilleure part”. Finalement, c’est la question de la décision personnelle du Saint Père et de Dieu Lui-même.

Effectivement, c’est un événement absolument exceptionnel et c’est pourquoi il nous surprend, il surprend le monde. Mais cette surprise n’est qu’apparente car du côté du droit canon, ce qui s’est passé c’est une procédure ordinaire de l’Église et il ne faut jamais l’exclure. Pourtant, en faisant trop de commentaires, on ne fait qu’obscurcir la clarté de la situation. Il vaut mieux l’accepter avec sa foi personnelle et tout simplement approfondir sa prière pour l’Église et la prière pour la foi dans le monde d’aujourd’hui.

Le caractère normal bien qu’exceptionnel de cette situation, indique-t-il quelque chose encore?

– Je souligne le besoin de garder la paix intérieure et d’accepter cette décision par tous les catholiques sans émotions inutiles, dans l’esprit de foi et de prière. Sans aucun doute le Saint Père l’a profondément méditée, considérée en face de Dieu, et en même temps l’a préparée et annoncée avec précision. Ce Pape n’agit pas sous le coup des émotions, poussé par une impulsion. C’est le Pape d’une vision prophétique et d’une parole prophétique. Le Pape d’une grande méditation et d’une grande sagesse. C’est un homme d’une spiritualité très profonde. De telles personnes agissent avec la plus grande responsabilité.

Les derniers jours du ministère de Benoît XVI passent pendant le Carême. Est-ce que cela aussi a été prévu par le Saint Père? Est-ce un signe que l’Église devrait interpréter?

– Nous le vivons non seulement au seuil du Carême mais aussi pendant l’Année de la Foi. Il ne faut pas négliger ce contexte. Quant à moi, j’ai remarqué une circonstance concernant le temps: le Saint Père a annoncé qu’il démissionnerait exactement le 28 février à 20h. Cela a provoqué ma question: pourquoi justement ce jour et cette heure? Un coup d’oeil dans le calendrier m’a informé que le 28 février c’est un jeudi, la veille du premier vendredi du mois. C’est donc l’heure du Cénacle, ou plutôt l’heure de Gethsémani. Selon mon interprétation personnelle, en indiquant 20h le Saint Père indique l’heure de Gethsémani, quand le Christ a demandé aux apôtres: „Veillez et priez pour ne pas entrer en tentation: l’esprit est ardent, mais la chair est faible”. Mais les apôtres se sont endormis. Alors ils ont entendu un reproche: „Vous n’avez pas eu la force de veiller une heure avec moi!”. Je suis convaincu que Benoît XVI, en indiquant l’heure 20h jeudi avant le premier vendredi, nous conduit avec précision et nous appelle, pendant l’Année de la Foi, au seuil du Carême, à méditer et à veiller avec Jésus. Il nous faut veiller dans l’esprit de Gethsémani et prier à l’intention de l’Église, pour la foi dans le monde. Le Saint Père semble ainsi nous remettre très explicitement dans les mains du Christ Lui-même, qui est la Tête de l’Église. Il semble nous indiquer: Restez à l’écoute du Christ, car uniquement sa parole, uniquement sa force nous transforme et sauve le monde. Jésus de Nazareth et le besoin de la foi, c’est en fait dans un certain sens le programme du pontificat de Benoît XVI. L’Église doit rester auprès du Christ, et rester à genoux, alors elle est en securité. Et en même temps elle doit annoncer le Ressuscité au monde – alors elle est fidèle.  

Durant le pontificat de Jean-Paul II le contexte du temps, de la date et du moment de l’année liturgique avait sa signification aussi, c’est bien caractéristique.

– Remarquez que juste un mois après la démission annoncée de Benoît XVI, le 28 mars, nous vivrons Jeudi Saint, c’est-à-dire une grande veillée avec Jésus dans le Jardin de Gethsémani, avant le Vendredi Saint. Ce sont exactement quatre semaines. Je suis convaincu que le Saint Père l’a profondément médité et cela nous montre ces signes du temps. Avec Jean-Paul II nous avons maintes fois rencontré un certain symbolisme du temps. Je rappellerai seulement le Vendredi Saint et le geste de Jean-Paul II qui avait embrassé la croix pendant le Chemin de la croix en 2005 au Colisée. Le même jour, le 25 mars, l’Église médite l’Annonciation. Le Vendredi Saint du Pape pénétré par le Mystère de l’Incarnation. Toute la mission du Christ semblait récapitulée en un seul moment – à partir de l’Incarnation jusqu’à la Crucifixion. Ce même jour on avait aussi commencé la neuvaine à la Miséricorde divine. Jean-Paul II l’avait célébrée pour la dernière fois parmi nous, et le soir où elle s’était achevée, à la fin de l’Appel de Jasna Góra, la veille de la Fête de la Miséricorde divine, il était parti pour la Maison du Père.

Il est bon de rappeler que c’est justement Jean-Paul II, encore en tant que cardinal Karol Wojtyła, en prêchant une retraite spirituelle mémorable au Vatican, parmi de nombreuses belles réflexions a mentionné cette Heure de Gethsémani, perdue par les apôtres, l’heure que depuis deux mille ans l’Église essaie en quelque sorte de „rattrapper”. Il est possible que Benoît XVI à travers le contexte temporel de sa démission veut maintenant ancrer l’Église, nous tous, encore plus profondément en Jésus le Christ. Je le vois dans ce mystère de la soirée du jeudi et de l’appel à veiller avec Jésus à Gethsémani. C’est l’Heure Sainte. Je crois que nous avons le droit aussi à une telle lecture de ce symbolisme. Le Pape qui a toujours annoncé Jésus de Nazareth, maintenant le rappelle de nouveau à nous tous: „Veillez et priez pour ne pas entrer en tentation”. Dans un certain sens, cela pourrait constituer une sorte de boucle de ces deux grands pontificats, et être pour nous une source bien stable de la force spirituelle et un signe de la fidélité au Christ.

Merci de cet entretien.

Sławomir Jagodziński

NaszDziennik.pl